CULTURE ENTREPRENEURIALE : Et si l’on s’inspirait des valeurs des Communautés africaines ?

Des recettes (infaillibles) du « succès dans l’entrepreneuriat » ? Il en existe des masses sur le web… Sans en remettre en cause leur pertinence, on pourrait toutefois  interroger leur adéquation avec les réalités du continent africain. Dans ce contexte, il devient presqu’urgent de construire la réflexion sur l’entrepreneuriat dans une perspective propre à l’Afrique, qui répond à la question : Comment développer un esprit d’entrepreneur quand on est un jeune africain à l’ère de la mondialisation ?

Au-delà des formules toutes faites,  qui sonnent comme des incantations et des remèdes stériles du type « La jeunesse doit OSER, Agir, Prendre des Initiatives », il faut un supplément d’âme à la volonté d’entreprendre. Ce supplément d’âme, (nous en sommes persuadés, est la principale arme de domination dans le rapport de force entre les peuples) est la CULTURE.

La plupart des entrepreneurs africains les plus en vue, se sont nourris de leurs cultures, car celles-ci sont une source d’inspiration féconde. Seulement, les cultures africaines sont diversement mises en pratique par les peuples eux-mêmes. C’est le cas par exemple, en matière de création de richesses.

Dans tous les pays africains, il est une communauté sinon plusieurs, dont on reconnait plus qu’aux autres, un certain dynamisme, de la réussite parfois dans les affaires. En réalité, ces pensées sont basées sur de faux préjugés. Le dynamisme identitaire inné n’existe pas, encore moins la supériorité d’une ethnie sur une autre. Le fait est que, certaines communautés sont plus que d’autres attachées à leur identité, à leur culture, laquelle agit comme une boussole, une force transcendantale.  La culture peut donc contribuer à favoriser et à nourrir notre esprit d’entrepreneur.

Chez les bamilékés à l’Ouest du Cameroun par exemple, le jeune est très vite initié à identifier les priorités du groupe et à agir suivant ces priorités profondément inculquées. Parmi celles-ci, la place accordée au groupe, à la communauté, est la plus importante. Le jeune bamiléké travaille à la fierté de sa communauté dont il supporte une partie de la responsabilité impérative du développement.

Ainsi toute idée de progrès, projet de vie, est très souvent fondée sur la recherche de la satisfaction de sa communauté. Travailler et rapatrier les fruits de son labeur auprès des siens est une quête permanente chez bon nombre les bamilékés.

Le rapport à l’argent chez le jeune bamiléké est très encadré. Très vite il comprend la nécessité de se constituer une épargne pour créer une activité. Entreprendre passe aussi en effet dans la capacité à retenir plus longtemps ses ressources de manière profitable. Les tontines, véritables banques communautaires basées sur la confiance prospèrent et servent de support aux membres de la communauté.

Chez les Igbo au Sud-Est du Nigéria, l’on devient UN HOMME, un vrai, à la quantité de tubercules d’ignames qu’on a cultivé dans son champ. De plus, certains titres de respectabilités les plus importants proviennent de la taille de son champ d’ignames. Très tôt, le jeune Igbo, sait qu’il doit travailler son propre champ. Dans ThingsFallApart, Chef d’œuvre de Chinua ACHEBE, le héros OKWORONKWO en fait la parfaite illustration. Il est l’un des rares jeunes de son âge à occuper un haut rang de dignité et à s’asseoir avec les sages du village.

En Afrique, dans la plupart des traditions, le garçon ne quitte vraiment l’âge de l‘enfance qu’après avoir rempli un certains nombres de conditions dont l’une des plus importantes est  de construire sa case, premier actif de son patrimoine personnel.

C’est dire qu’entreprendre fait partie intégrante même  de notre vision du monde. Pour l’africain, l’entrepreneuriat c’est faire la démonstration de son indéfectible attachement à sa communauté,  de son courage face aux défis de la vie.

Entreprendre est une mission interpellatrice qui tire ses sources, en tant qu’africain de nos cultures. Ecoutons-les, elles nous parlent, nous tracent la voie à suivre et surtout nous connectent à nous même sans pour autant nous couper du monde, qui, inéluctablement s’ouvre.

AFRICANS RISING

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